Dans les Gorges de l'Ardèche, les touristes peuvent désormais connaître à l'avance l'affluence sur la rivière grâce à « Canoë Malin », une application développée avec l'aide de l'intelligence artificielle. Ce système fonctionne comme Bison Futé pour les routes, avec des codes couleur pour informer de la fréquentation des canoës.
« On a décidé de ne pas réserver à l'avance, mais on avait téléphoné, on nous a dit qu'il n'y avait pas de problème pour se présenter », explique Olivier Knapen, un touriste belge de 52 ans venu pagayer avec son fils et une amie. Malgré les avertissements sur l'affluence, ils ont choisi « la sortie qui a le plus de cachet ».
Application développée par les professionnels
L'outil a été créé par l'Office de tourisme Gorges de l'Ardèche, le Syndicat de gestion des Gorges de l'Ardèche et les loueurs de bateaux. Chaque année, environ 220.000 embarcations descendent cette rivière qui serpente au fond de l'un des plus beaux canyons d'Europe.
Les pics de fréquentation peuvent atteindre jusqu'à 3.000 embarcations par jour, mais se limitent à « huit ou dix jours dans l'été », précise Vincent Orcel, directeur général de l'Office de tourisme. Ces moments d'affluence maximale restent donc exceptionnels durant la saison estivale.
Adoption progressive par les touristes
« C'est comme Bison Futé sur les routes, l'année où il a été mis en route, les gens n'avaient pas l'habitude de l'utiliser », constate Sébastien Papillault, patron du loueur Aigue-Vive et président des loueurs de bateaux des Gorges. Cette troisième année d'existence marque un tournant dans l'utilisation de l'outil.
« On commence à avoir des personnes qui regardent l'outil préalablement à leur descente, et donc à réserver en amont pour des périodes où il y a un petit peu moins d'affluence », note-t-il. Pour les professionnels, l'application représente un gage de confiance envers leur clientèle.
Répartition inégale de la fréquentation
Du haut du Belvédère du Serre de Tourre, une nette démarcation apparaît sur la rivière entre les zones très fréquentées et les secteurs plus calmes. La partie qui passe sous le Pont d'Arc, monument naturel emblématique, concentre l'essentiel du trafic touristique.
Seuls 15 % de la fréquentation globale s'orientent aujourd'hui vers la « grande descente », cette « descente historique, qui est moins pratiquée que par le passé », explique Franck Cazin, président du Syndicat de gestion des Gorges de l'Ardèche (SGGA). « Aujourd'hui, les gens sont beaucoup plus enclins à faire des petites activités de quelques heures », avance-t-il.
Intelligence artificielle pour plus de fiabilité
La deuxième version de l'application, mise en place cette année, intègre une petite dose d'intelligence artificielle pour un « modèle apprenant » qui permet de « fortement fiabiliser » les informations, ajoute Vincent Orcel. Aux statistiques de fréquentation des quatre dernières années s'ajoutent les prévisions météo sur quatre jours et la hauteur de l'eau.
L'objectif est de « donner des informations vulgarisées au client final pour qu'il prenne des décisions en toute connaissance de cause », plutôt que d'avoir recours à des quotas. « On vise 10 % de modifications de comportements », en essayant de « ne pas générer de contraintes », souvent mal acceptées, indique Vincent Orcel.
« Mieux informer le visiteur, c'est aussi faire passer des messages sur le fait que la question n'est pas uniquement de choisir le bon endroit, le bon horaire, mais aussi finalement de s'interroger sur quel milieu naturel je vais fréquenter », souligne Franck Cazin, en gardien du milieu naturel.
(AFP/Paris) Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.